Une collaboration entre
Sega et
Bizarre Creations ? Après l'excellent
Metropolis Street Racer sur Dreamcast en 2000, on ne s'attendait pas vraiment à voir cela de si tôt. Il aura certes fallu attendre huit ans, mais
The Club marque finalement les retrouvailles entre les deux anciens partenaires. S'il n'est plus question de course automobile - pourtant devenue une grande spécialité du studio anglais -, l'aspiration arcade du
gameplay est plus que jamais au coeur de ce nouveau projet.
The Club nous invite en effet à participer à un championnat ultra violent à base de course effrénée et de copieuses fusillades. Une recette aussi étonnante que détonante, mais qui pourrait bien en laisser plus d'un perplexe.
The Club m'aideMême si la comparaison pourra paraître un peu tirée par les cheveux, on pourrait dire que
The Club est à
Splinter Cell ce que
Project Gotham Racing est à
Gran Turismo. Le parallèle n'est pas évident au premier abord, mais s'impose doucement au fil des parties, lorsque la logique du jeu devient plus claire. Car, au départ,
The Club passe pour un jeu de tir à la troisième personne tout ce qu'il y a de plus classique et de plus bourrin. On court, on vise, on tire. Point. Mais, après quelques minutes de jeu, on réalise que sans un peu de finesse, on n'ira pas bien loin dans l'aventure.
The Club intègre, en fait, un élément devenu fort peu commun pour ce genre de jeu : un compteur de points. Mieux, pour réussir un niveau, il faudra, non pas en trouver l'issue - tout du moins pas seulement -, mais battre le score demandé. L'analogie avec
PGR commence donc à s'expliquer. Et c'est là que le bât blesse au départ, car pour atteindre ce fameux objectif, planter négligemment les quelques gars que vous croiserez ne suffira pas. Il faudra apprendre à le faire avec classe, précision et, surtout, rapidité.
Le titre de
Bizarre Creations n'est donc pas un énième
Max Payne-
like, mais bien un jeu d'arcade qui a pour véritable objet la chasse aux meilleurs scores. Preuve en est, le mode de jeu principal se présente sous la forme d'un tournoi dans le plus pur style des jeux de courses automobiles. Ici le scénario prend à peu près autant de place que dans un jeu de baston, c'est dire. D'ailleurs, la comparaison avec ce genre ne s'arrête pas là puisque
The Club propose en tout huit persos jouables, chacun ayant ses propres caractéristiques (vitesse, résistance, puissance) et sa propre cinématique de fin pour récompenser les valeureux. Le titre de
Bizarre Creations va donc puiser son inspiration dans des genres qui n'ont a priori pas grand-chose en commun si ce n'est un feeling arcade
old school. Un éclectisme qui donne au jeu sa singularité et le démarque très nettement des productions actuelles.
High score à corpsPlutôt qu'en niveaux classiques,
The Club est découpé en huit
maps thématiques dans lesquelles sont ensuite prévus des parcours précis - le principe est encore une fois comparable aux différents circuits dessinés dans les villes présentes dans un
PGR. Une prison russe en piteux état, un paquebot rongé par la crasse et la rouille, une usine désaffectée ou même les décombres d'une ville seront ainsi idéals pour accueillir les épreuves barbares de ce tournoi pas comme les autres. Alors que la mode est aux environnements ouverts,
Bizarre Creations préfère donc enfermer le joueur dans des circuits super restrictifs, mais cette philosophie trouve totalement son sens au regard du
gameplay du jeu.
En effet, pour exploser les scores, vous n'aurez qu'une seule solution : tuer vite et bien. D'une part, les points gagnés à chaque victime varieront selon la manière dont vous les exécuterez, en enchaînant les
headshots, dégommant les importuns de loin, à travers un abri ou brusquement en vous retournant. D'autre part, plus vous tuerez, plus vous gagnerez de points grâce au multiplicateur qui augmentera à chaque fois. Mais attention, l'effet de celui-ci ne durera que quelques secondes et il faudra constamment dégommer de nouvelles proies afin d'éviter qu'il ne décline irrémédiablement. Il vaut mieux ne pas traîner dans les niveaux du jeu et travailler sa dextérité. On file donc dans les parcours du jeu avec une sacrée pression sur les épaules qui, alliée au
gameplay déjà bien nerveux, donne des séances de deux ou trois minutes toujours explosives et violentes à souhait. Sans s'essayer à l'over-spectaculaire façon
Stranglehold,
The Club préfère compter sur l'action dans tout ce qu'elle a de plus primaire pour séduire les joueurs. En dehors de petites roulades d'esquive, d'un bouton pour se retourner tout net ou d'un sprint remuant évoquant
Gears of War, le titre de
Bizarre Creations évite les fioritures pour se concentrer sur l'essentiel : le dégommage de masse. Radical et efficace.
Ca enchaîne massifPour réussir dans
The Club, il faut donc être prêt à refaire encore et encore certaines épreuves afin de connaître sur le bout des doigts les parcours proposés en repérant l'emplacement des ennemis, des armes, des soins, des bonus cachés et ce, afin d'obtenir toujours plus de points et grimper dans le classement des joueurs qui se met à jour via la connexion Internet. Le principe est on ne peut plus motivant et prenant et permet surtout de donner au jeu une durée de vie potentielle sacrément rondelette. Pour éviter malgré tout de sombrer dans la monotonie,
The Club propose plusieurs challenges différents :
Sprint qui ne consiste qu'en un parcours simple dans le niveau,
Survivor et
Siège où vous devrez résister pendant quelques minutes aux assauts répétés des vilains tout en restant dans un périmètre très réduit,
Time Attack où vous enchaînerez plusieurs tours du même parcours en contre-la-montre et
Run the Gauntlet qui reprend le même principe que les
Sprints mais en temps limité. Bien sûr tous ces challenges n'auront de sens que si vous faites en sorte à chaque fois de faire exploser les scores en prouvant vos qualités de tueur.
En dehors du mode
Tournoi, il sera bien sûr possible de participer aux épreuves du jeu dans le mode
Single Events ou encore de créer son propre petit tournoi dans le mode
Gunplay. Le résultat ne variera malgré tout pas vraiment, puisqu'il s'agira toujours des mêmes niveaux au final. Il faut donc se faire à cette aridité quelque peu déroutante. Le mode principal notamment n'aurait pas volé un emballage un peu plus aguicheur, histoire de valoriser le jeu et son intérêt. Heureusement, face à tout cela,
The Club pourra également s'appuyer sur son mode multijoueur pour reprendre quelques couleurs. On y trouvera pêle-mêle du
deathmatch seul ou en équipe ainsi que d'autres modes de jeu dérivés des classiques habituellement croisés dans les
FPS. Bien que les parties soient limitées à huit joueurs, le
gameplay explosif du jeu trouve ici toute sa place et donne lieu à des parties diablement animées. Ca sprinte, ça shoote, ça explose dans tous les sens. Se lancer dans des combats contre de vrais joueurs permet de donner une dimension bien différente à
The Club. Et le résultat est tout aussi réussi.
L'old-school Next GenCôté réalisation, même si
Bizarre Creations semble loin de son domaine de prédilection,
The Club s'impose avec des graphismes très réussis, tant d'un point de vue esthétique que technique. Les environnements du jeu ont vraiment tous leur identité visuelle avec pour point commun un goût pour les ambiances crades et usées qui ajoute à l'aspect brut et brutal du jeu. En plus de textures détaillés,
The Club fait le fier avec quelques effets bien placés, notamment un
blur discret qui vient accentuer les sensations du joueur lors des sprints ou des explosions du jeu. On regrettera en revanche une certaine faiblesse dans les animations de nos combattants pourtant bien modélisés. Leurs mouvements paraissent souvent trop rigides et manquer de naturel. On peut d'ailleurs faire le même constat pour les ennemis, même si on les croisera généralement fort peu de temps avant qu'il ne valdingue violemment à l'autre bout de la pièce d'un coup de fusil à pompe. Les armes, justement, sont assez nombreuses et classiques (pistolet, lance-roquette, mitrailleuse...), mais pas toujours très crédibles d'un point de vue sonore. Elles semblent, en effet, parfois un peu faiblardes et manquer de patate par rapport à ce qu'on pourrait en attendre. Au rayon des regrets, on pourra également ranger la maniabilité du jeu qui n'est pas toujours un exemple de souplesse. Ainsi même en calibrant la vitesse de caméra au maximum, l'équilibre entre rapidité de mouvement et précision de tir n'est pas toujours optimal, ce qui pourra gâcher quelques scores. Mais ce léger manque de souplesse et de réactivité n'empêche pas
The Club de se laisser maîtriser avec beaucoup de docilité et de procurer d'excellentes sensations. Même si, on ne saura que trop le dire, son principe
old school le réserve sans doute à un public averti.
The Club renoue avec la philosophie primaire des jeux d'arcade
old school où la motivation du joueur n'était pas tant de finir un niveau que d'en exploser le meilleur score. Evidemment, en 2008, c'est un principe qui en déroutera plus d'un, ceux-là même qui ne verront en
The Club qu'un jeu d'action ultra bourrin, basique et ennuyeux au bout de trois niveaux. Pourtant, le titre de
Bizarre Creations cache un
gameplay bien plus subtil qu'il n'y paraît et une mécanique de jeu parfaitement huilée et totalement addictive pour peu que l'on adhère à son parti pris radical. Dommage néanmoins que la maniabilité manque de souplesse et de réactivité et, surtout, que le mode principal soit si peu attrayant, enchaînant bêtement les épreuves sans se poser de questions. Mais, là encore,
The Club sait se rattraper avec le jeu en ligne qui viendra redonner valeur et intérêt à un titre pour le moins atypique qui semble, malgré toutes ses qualités, réservé à une petite catégorie de joueurs. Mieux vaudra donc adhérer à ce club avec prudence et en connaissance de cause pour éviter les déceptions.