Il y a deux ans,
Juiced premier du nom avait su faire valoir ses qualités dans la catégorie porteuse du jeu de tuture pour rebelle d'appartement. Un jeu de course et de
tuning dans la lignée d'un
Need For Speed Underground, avec de jolis autocollants, des kits de puissance qui arrachent comme il faut et des peintures trop classes vendues à des prix prohibitifs. Après une
version 1.5 sortie sur PSP l'année dernière, la vraie suite de
Juiced débarque en ce début d'automne. Première nouveauté : le titre vient enfin drifter sur nos machines
Next Gen ainsi que sur DS. Seconde nouveauté : les programmeurs ont considérablement simplifié le mode Carrière. Si, si ! C'est possible !
Rentrons d'emblée dans le vif du sujet : dans le premier épisode, on devait risquer un peu d'argent pour s'inscrire dans une course. Dans
Juiced 2, ce n'est plus le cas. Dans le premier épisode, on devait également réparer les dégâts causés par les chocs subis pendant une course. Dans
Juiced 2, ce n'est plus le cas non plus. Une bonne partie de ce qui donnait un semblant de subtilité au mode carrière de
Juiced est passé à la trappe. Votre bolide adoré a laissé son pare-chocs et quelques bouts de verre sur l'asphalte ? Rien de grave : à la fin de chaque course, un carrossier rase gratis, et rend la caisse comme neuve en un temps record. Si on ajoute les belles pépées qui pullulent et dont la vulgarité n'a d'égale que la superficie de peau qu'elles livrent au regard du premier libidineux venu, une seule question vient à l'esprit : elle est pas belle, la vie de
tuner ?
Hot n'importe quoi Nights |
Bien heureusement, on compte également quelques nouveautés bien senties dans le mode Carrière. Tout d'abord, les développeurs ont inclus un système de paris à double détente. D'une part l'argent que vous ne dépensez plus en réparations peut servir à proposer un pari à l'un de vos adversaires ; d'autre part, si l'on obtient un bon classement, on remporte, en sus de la prime de course, une part des mises du public. Il est même possible de jouer sa propre voiture. Ensuite, chacun des championnats est composé d'objectifs à atteindre, sachant que l'on peut compléter plusieurs objectifs au cours d'une seule épreuve. Il est par conséquent tout à fait possible de boucler un championnat sans disputer toutes les courses. De la même manière, il n'est pas indispensable de compléter tous les défis pour passer au niveau supérieur : il suffit pour cela, à un moment donné, de remporter l'épreuve spéciale proposée par les organisateurs. Parmi les challenges proposés, le jeu demande par exemple de faire flipper un concurrent précis. Ce système de stress que l'on peut faire subir à un de ses adversaires est une bonne idée en soi, mais elle est mise en pratique avec un peu trop de zèle. Même en pleine ligne droite, il suffit de coller la voiture devant soi pendant quelques secondes pour que le conducteur la jette de lui-même contre le premier muret venu. Qu'un caïd présenté comme la plus forte tête de la place se montre finalement aussi fébrile a quelque chose d'incongru, et on se retrouve avec cette impression étrange d'avoir fait craquer non pas le pilote, mais la voiture elle-même.
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On retrouve dans
Juiced 2 la distinction entre les courses proprement dites et les pistes de
drift, autrement dit de dérapage contrôlé. Le drift est une forme de patinage artistique sur quatre roues, les lutz en moins. Quelque soit le revêtement sur lequel on roule, on glisse au moindre coup de volant, toute la difficulté étant de passer les virages dans cette position, si possible en gardant sa voiture perpendiculaire aux bords du circuit. Plus le
drift dure longtemps, plus le score augmente rapidement et cet effet est encore amplifié si on réussit à changer de direction sans cesser de déraper. Les épreuves de
drift se disputent soit en solo, soit contre d'autres pilotes. Dans ce cas, la place d'arrivée de la course ne compte pas, seul le score importe. En course, le
drift est moins fondamental, mais possède un pouvoir des plus utiles : celui de faire grimper votre jauge de nitro. La dichotomie course/
drift s'applique aussi en ligne lors d'une partie simple. Le mode Carrière dans son ensemble est d'ailleurs jouable en ligne, du moins lorsque la fréquentation le permet, ce qui n'était pas vraiment le cas sur la période où nous l'avons testé. On peut y vendre ses créations, dont la valeur est indexée sur les investissements réalisés pour la déco, mais surtout sur les succès obtenus à leurs volants. Malheureusement, les deux modes Carrière, en et hors ligne, sont séparés. Impossible donc de continuer en ligne une Carrière commencée seul. Il faut bien admettre que ce mode
online offre des belles possibilités, susceptibles de séduire l'amateur de tuning qui sommeille en chacun de nous, à condition comme d'habitude que le nombre de joueurs présents en ligne suive.
Arcade sourcilleuseSi on laisse de côté le comportement de la voiture elle-même, qui n'a rien de crédible,
Juiced 2 met un point d'honneur à proposer des sensations de conduite plutôt agréables. On sent bien le contact avec la route, les différents types de surface, la différence entre traction et propulsion, ainsi que les vrombissements d'un moteur boosté à la nitro. La bonne gestion des vibrations de la manette renforce cette impression. En attendant le jour où des programmeurs oseront inventer un jeu dans lequel les chocs feront accélérer la voiture, dans
Juiced 2 celle-ci ne ralentit pour ainsi dire pas lorsque l'on heurte le bord du circuit. Un
gameplay arcade assumé, ce qui n'est pas désagréable en soi. En revanche, la facilité des épreuves est clairement plus gênante : si on se plante, on peut remonter tranquillement au classement, avec le sentiment que les autres pilotes attendent que l'on rattrape son retard. L'acharné de la course aux médailles à la
PGR, où le sans-faute est exigé, sera, à juste raison, un peu perdu dans cet océan de gentillesse dans lequel nous font barboter les programmeurs de
Juiced 2.
Un des gros défauts de
Juiced résidait dans le manque de variété des circuits. Le constat vaut aussi dans ce nouvel opus. On a très vite fait le tour des environnements et des circuits proposés, une fois passé l'étonnement de
drifter sur une piste enroulée tel un python autour des pieds de la Tour Eiffel. Les épreuves sont, elles, relativement variées ; on retrouve entre autres le mode Eliminator, inauguré sur PSP, où le pilote classé dernier à chaque fin de tour est viré de la course. Certaines courses sont par ailleurs réservées à une catégorie limitée de véhicules : spéciale américaines, spéciale gros investissements, etc. Malgré tout, arrivé au quatrième championnat passé sur des circuits répétitifs, à disputer des épreuves toujours identiques et finalement sans grande originalité, les derniers restes de plaisir ludique s'estompent irrémédiablement. Certes, on peut compter sur un nombre conséquent de vrais modèles de voiture et de vraies marques de joujoux pour personnaliser son bolide, mais les modélisations, ainsi que les déformations de la carrosserie sont plus dignes d'un bon vieux
Project Gotham Racing 2 sur la première Xbox que du jeu
Next Gen que l'on espérait. Le design des circuits est au diapason : les tracés ont un grave air de déjà-vu, les textures sont parfois vraiment pauvres et les effets de lumière pour ainsi dire inexistants. Dommage pour un jeu qui se déroule presque exclusivement de nuit. Dans ces conditions, on se dit que le
frame rate sera au moins à la hauteur, mais si le jeu est effectivement très fluide en règle générale, il parvient aussi à saccader plus souvent qu'à son tour.
Catalytique ou catastrophique ?On pense alors se consoler avec les options de tuning du mode Carrière, mais là aussi l'intérêt est fortement remis en question par les choix des créateurs. On a évoqué plus haut la suppression des frais de réparation, mais ce n'est pas tout. Une fois sa première voiture achetée, on peut facilement débloquer de nouveaux équipements en remportant un défi spécial. Il n'y a aucune logique là-dedans, mais ce n'est pas le pire. En fait, sitôt admis dans un nouveau championnat, la première chose à faire est de boucler toutes les épreuves permettant de booster son véhicule. On peut alors s'offrir directement l'
upgrade le plus puissant, sans passer par les étapes intermédiaires qui n'ont pour effet que de faire perdre de l'argent. La possibilité, amusante un temps, de coller stickers et autres falbalas sur votre voiture, ou de la couvrir de paillettes, n'y fera rien : les options de tuning sont tout simplement mal conçues.
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Toujours au sein du mode Carrière, le jeu entreprend de déterminer votre ADN de pilote, selon votre style de conduite, flamboyant ou, au contraire, impassible. Hors Carrière, on peut créer des courses customisées contre des coureurs présentant les mêmes caractéristiques de conduite que son pilote. C'est également en parcourant ces options ADN que l'on trouve les pilotes bonus, parmi lesquels on trouve les membres de l'équipe de développement, mais aussi une petite dizaine de célébrités dont Djibril Cissé. Faites gaffe, il est fragile. Avouons-le : dans la pratique, cette notion d'ADN n'apporte vraiment pas grand-chose et il n'y finalement pas grande différence entre les différents styles de conduite. Le mode Carrière propose donc un certain nombre de possibilités plus ou moins intéressantes, mais l'environnement qu'il présente est lui vraiment répétitif. La même scène du podium se répète tout au long du jeu, avec la même chorégraphie mollement suggestive des mêmes danseuses et les mêmes pauvres effets pyrotechniques. Quant aux voix féminines qui commentent le jeu, leur sensualité évoque plus un freezer quatre étoiles que la chaleur d'un volcan. La version française offre une prestation vocale glacée, comme une sorte de bouquet final qui vient parachever un ensemble ludique assez décevant, partiellement sauvé par les bonnes sensations du
gameplay. Un bon feeling manette en main, qui surnage dans la mare d'erreurs commises par les développeurs.
Juiced 2 : Hot Import Nights reste un jeu pour les fans, au nombre desquels on peut éventuellement ajouter les possesseurs de Xbox 360 qui auraient déjà épuisé les meilleurs titres du genre sur cette machine.