Il y a encore quelques mois, seuls les possesseurs de console import pouvaient se repaître d'un épisode de
Naruto avant qu'il ne périsse sous le poids du temps et des évolutions technologiques. Les autres devaient se contenter d'une version occidentale dépassée de plusieurs années, en retard par rapport à la parution du manga. De l'eau a coulé sous les ponts :
Naruto est devenu un phénomène planétaire. Rassurés par ce succès international, les éditeurs
Shueisha ont fait appel aux studios québécois d'
Ubisoft, pour concevoir
Naruto : Rise of a Ninja, un titre destiné à ouvrir définitivement la série aux fans occidentaux. Une ouverture géographique mais également ludique, puisqu'il place cette fois-ci la castagne pure au centre d'un combo
RPG, plates-formes et baston.
Pour ceux qui auraient encore du mal à lire de droite à gauche, voici l'essentiel, attention
spoiler : le jeune Naruto Uzumaki grandit dans le village caché de Konoha, où tout le monde le déteste car son corps sert de prison au démon-renard qui a ravagé le patelin, quelques années auparavant.
Naruto ignore tout de son passé (du moins au début) et rêve de devenir
Hokage, c'est-à-dire le ninja le plus puissant du village. Comme bon nombre de ses prédécesseurs et vraisemblablement de ses successeurs, ce manga glorifie le courage et le sacrifice personnel. Fin du
spoiler mais est-il encore possible de trahir le secret d'un des mangas les plus vendus en France ?
L'aventure commence précisément là où débute le manga original. Le joueur dirige
Naruto dépité, au beau milieu d'un village de Konoha reproduit de manière si fidèle que sa visite contitue à elle seule quelques bonnes demi-heures de jeu. On y côtoie tout un tas de personnages de la série, des protagonistes principaux comme Kakashi aux plus secondaires comme Ebisu. Chacun est à sa place,
cel-shadé sans complexe envers la version animée, à une exception près : leurs visages restent désespérément inexpressifs, quelle que soit l'action. Très vite,
Naruto est amené à explorer le village et là, c'est encore une bonne surprise : quelle pêche il a ce gosse ! Il court, saute, cogne et se cogne avec une fluidité exemplaire, qui n'est pas sans rappeler
Prince of Persia. Tout s'enchaîne vite et la caméra se gère sans problème de jouabilité, avec le
joystick dédié. On prend plaisir à bousculer les passants et à tester toutes les mimiques burlesques du héros. Là encore,
Naruto fait mouche grâce à l'humour indissociable de la licence.
Le titre d'
Ubisoft est d'ailleurs truffé de références amusantes à la série. Au rythme des musiques originales qui guident le parcours, la trame coule sans aucun accroc. Même un néophyte pourra aisément suivre le scénario, grâce aux nombreux extraits de l'animé, intercalés entre les quêtes. Dans un premier temps, les fans devront se contenter d'une version française intégrale mais le site d'
Ubisoft France a promis que les voix originales seraient téléchargeables gratuitement sur
Xbox Live d'ici peu. Malgré cette lacune, les gaffes du héros sont mises en scène de manière assez fine et c'est un régal de le voir se transformer en laideron lorsqu'il rate la combinaison du pouvoir
sexy jutsu, censé le changer en créature de rêve. Bref, on rit, on s'amuse... au moins dix bonnes minutes ! Car si les premières impressions graphiques sont bonnes, le principe du jeu s'impose et s'essouffle presque aussi brusquement.
Triste vie de Genin !Passé la surprise du début, conduire l'apprenti ninja du rang de vaurien à celui de
Hokage n'a rien de transcendant. Pour y parvenir, une seule solution : se faire respecter des habitants de Konoha, en leur rendant de petits services qui seront autant de missions à accomplir pour parfaire sa formation. Collecte de pièces au sommet des toits, sauts de grenouille dans les arbres, recherche de rouleaux magiques, sont autant de rites initiatiques à subir. Sur ce simili plate-forme se greffe une gestion d'
upgrade façon
RPG.
Naruto peut acheter de nouvelles compétences et des
kunaïs à utiliser en combat. Il peut aussi apprendre à canaliser son
chakra pour grimper à certains murs et marcher sur l'eau. Autant de petites quêtes qui pourraient être sympathiques, si elles ne revenaient pas à l'identique toutes les dix minutes.
Des heures durant, on court d'un bout à l'autre de Konoha pour assister la populace. Dans l'attente d'un vrai défi, on se remplit l'inventaire d'articles en tous genres mais l'action tarde à venir. C'est assez représentatif de ce qu'est la vie d'un
Genin : irritante et frustrante ! D'autant que le parcours est étriqué. Une nouvelle mission n'apparaît généralement qu'une fois la précédente accomplie et les quêtes optionnelles ne sont pas très passionnantes. Casées sur le plan-radar de la ville (identique à celui de
GTA, des saccades en plus) elles proposent, par exemple, de livrer des ramens le plus rapidement possible ou de jouer à cache-cache avec le jeune Konohamaru. D'une manière générale, toutes les missions peuvent se réaliser en suivant simplement les indications de ce fameux radar, beaucoup trop directif. Le tout est d'une durée réduite (moins de dix heures pour arriver au bout de l'aventure) et d'une qualité graphique inégale. Une fois sorti de Konoha, les décors se banalisent. Ils deviennent forêts étroites ou ports brumeux et l'on réalise vite que le pays de Naruto n'est pas bien grand.
Lève-toi et fightA courir comme
Sonic et sauter comme
Mario, on en oublierait presque que
Naruto, son truc, c'est la castagne. Peut-être parce que, là encore, le jeu est frustrant. Avant d'affronter Haku ou Orochimaru dans des combats aux furies dévastatrices, le joueur doit arpenter les bois et démonter des kyrielles de bandits identiques, aussi bien en termes de
character design que de niveaux de jeu. Ce n'est que face aux
boss que
Rise of a Ninja fait vraiment honneur à sa licence, en assurant des furies millimétrées, fidèles à l'animé original. Le
gameplay arcade reste classique : deux boutons de coup, un de saut, un de protection, un de chope et la gâchette pour lancer des
kunaïs, mais il est appuyé par les coups spéciaux, appris au cours de l'aventure. Le joueur fait appel aux
chakras de
Naruto, en mimant des postures de bras, avec les deux
joysticks. Il faudra un certain
timing pour que notre héros déploie son
Bunshin No Jutsu et déclenche une séquence de
QTE pour contrôler les vagues d'assaut successives de ses clones. Quand tout semble perdu,
Naruto peut libérer le démon qui sommeille en lui, et décupler ses forces par une simple pression sur la gâchette. S'il s'effondre, le joueur doit marteler le bouton A pour tenter de le redresser. Cette ultime possibilité "très manga", fait appel aux souffrances et aux humiliations de Naruto. Dans un dernier souffle, il se remémore les belles paroles de Kakashi-sensei ou de ses précédents ennemis, avant de retrouver son ardeur au combat.
On ne boude pas son plaisir, d'autant que les combats se poursuivent dans un mode dédié. Deux joueurs peuvent s'y affronter avec onze persos comme Sasuke, Sakura ou Gaara. C'est peu mais
Ubisoft prévoit de proposer d'autres personnages en téléchargement par la suite. Les amateurs de pugilats ultra techniques passeront leur
pad aux fans, ou aux adeptes du combat arcade. Décors en 3D mais déplacements en 2D : ce mode est assez similaire à la version
Naruto : Clash of Ninja sortie sur Game Cube, avec, tout de même, deux différences à signaler. La première c'est que les furies ne sont pas toutes aussi travaillées et plus difficiles à placer dans ce volet Xbox 360. La seconde, c'est qu'il n'est pas possible de jouer à quatre, y compris sur
Xbox Live. Un passage obligé si aucun souhaite prolonger cette courte expérience qu'est
Naruto : Rise of a Ninja.