Presque vingt ans après ses débuts datant de 1987, la saga
Test Drive accueille en cette rentrée 2006 un nouvel et énième épisode :
Test Drive Unlimited, le premier sur console
Next Gen. Il fallait donc marquer le coup pour
Eden Studios, son développeur, qui avec un tel titre affiche directement la couleur, sans compter sur son sobriquet M.O.O.R. (
Massively Open Online Racing) l'accompagnant comme son ombre. Mais voilà, après une année de retard et une longue période de matraquage,
Test Drive Unlimited semblait inexorablement s'essouffler au fil des semaines. Une impression vérifiée une fois la manette en main ? Eh bien, c'est justement ce que nous allons voir.
Road tripTest Drive Unlimited n'est pas un jeu de voitures comme les autres. Dès le début de l'aventure, il y a comme quelque chose qui cloche, quelque chose de différent. C'est peut-être l'absence de modes de jeu, le choix de l'apparence de son personnage ou encore le passage chez l'agent immobilier qui donne cette étrange sensation ? Probablement. Toujours est-il que l'on retrouvera plus vite que prévu ses marques, une fois au volant de sa première voiture, en fait. La paradisiaque Oahu, la troisième plus grande des îles d'Hawaï, et ses longues autoroutes nous appartient alors. Armé d'un simple GPS, on partira donc à l'assaut du bitume, au volant de bolides tous plus convoités les uns que les autres. En réunissant autos et motos (à débloquer), on compte en tout plus de 90 machines dans
Test Drive Unlimited avec au menu des marques surtout occidentales. Ferrari, Lamborghini, Pagani, Chevrolet, Aston Martin, Jaguar, Mercedes, Lotus et quelques autres encore répondent présent du côté des voitures, alors que pour les motos, on retrouve notamment Ducati et Kawasaki. Les licences s'arrêtent là puisque l'on ne peut pas personnaliser les véhicules, si l'on exclut le changement de peinture comme tel. Ceux qui désirent à tout prix déposer leur marque partout où ils passent se jetteront plutôt dans les magasins de fringues afin de changer l'apparence de son pilote, en voiture ou en moto. Pour boucler la boucle il manquait un dernier signe extérieur de richesse : sa maison. Outre le premier achat immobilier réalisé au début de l'aventure, on pourra en effet s'offrir un peu plus tard la maison de ses rêves, au bord de la mer avec le jacuzzi donnant sur la plage ou tout en haut du Mont Ka'ala, en ermite. Ce lieu privilégié sera alors synonyme de repos pour consulter tranquillement ses stats ou ses options, mais c'est aussi et surtout là que l'on stockera nos véhicules. Selon la grandeur du garage, on pourra en entreposer quatre ou plus. Un élément supplémentaire à prendre en compte dans son budget donc.
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L'argent, parlons-en. Dans
Test Drive Unlimited, on compte deux types de monnaie d'échange : les dollars et des coupons. Ces derniers sont utilisés pour les vêtements uniquement, et les premiers pour tout le reste. Ils s'acquièrent en remplissant diverses épreuves, sur la route évidemment. Là aussi on en compte plusieurs types avec du contre-la-montre, des courses classiques contre sept autres concurrents maximum, des courses avec l'élimination du dernier après chaque tour, ou encore des radars à franchir à une vitesse donnée. Du déjà-vu jusque-là mais ce n'est pas tout. On recense en effet aussi des missions comme le convoyeur. Il faudra y emmener une voiture à bon port et sans limite de temps, en évitant seulement les accrocs, chacun de ces derniers étant déduits de notre récompense. Si les accidents et les passages dans l'herbe sont donc à proscrire, on pourra en revanche rouler en sens inverse, cramer ses pneus en dérapant comme un pilote de D1 GP ou même parfois glisser contre les rails de sécurité, sans aucune sanction. Assez illogique, non ? Dans un autre registre, il faudra parfois conduire à destination auto-stoppeurs et jeunes demoiselles en détresse ou plutôt encombrées par leurs sacs. Oui,
Test Drive Unlimited nous invite à agir en
gentleman. Le temps sera là parfois compté, et le pilotage surveillé. A la moindre erreur (accrochages et passages dans l'herbe encore une fois), on perdra alors des points, zéro étant synonyme de l'arrêt et échec de l'épreuve. Deux autres éléments seront aussi parfois à prendre en compte : le trafic et la police. Même si cette dernière se montre très laxiste sur Oahu, elle viendra troubler la fête dès lors que l'on se prendra pour une auto-tamponneuse. A chaque nouvel accrochage, on subira une pression de plus en plus conséquente de la maréchaussée, qui ne se calmera qu'au bout d'un certain temps. Six accrochages consécutifs, et c'est la prune direct. Une sanction du même ordre nous attend si la police arrive à nous immobiliser quelques instants. Le montant de la contravention grimpant plutôt rapidement, on essayera de se tenir à carreau, même si l'argent n'est pas vraiment un problème dans
TDU. La grande majorité des épreuves sont en effet reconductibles à l'infini.
Highway StarComment parler de
Test Drive Unlimited sans évoquer sa carte ? Façon
Google Earth, elle se charge petit à petit et affiche toutes les épreuves disponibles sur l'île avec plusieurs niveaux de zoom. C'est aussi là que l'on placera les points auxquels on désire se rendre, avant d'être ensuite dirigé au volant par le GPS. Le chemin conseillé n'est toutefois pas toujours le plus pertinent, puisqu'il suffira parfois de couper un peu dans l'herbe pour gagner beaucoup de temps. Il faut avouer que les routes ne sont pas franchement très pratiques sur Oahu, avec beaucoup de longues lignes droites non seulement ennuyeuses une fois au volant, mais obligeant à faire de gros détours avant d'arriver à destination.
Eden Studios s'est certes calqué sur la réalité, mais dans ce cas, comme pour celui du manque d'environnements disponibles d'ailleurs, il aurait été plus judicieux de se donner une plus grande marge de manoeuvre. Fort heureusement, les voitures rapides se débloquent assez vite. Pour vraiment s'amuser, il faudra sortir des sentiers battus et se balader en montagne par exemple, mais là, les routes sont peu nombreuses. Quelques gros 4x4 auraient d'ailleurs aussi été bienvenus pour aller visiter chaque recoin d'Oahu, la Lamborghini ayant rapidement tendance à patiner dans l'herbe. Pour en revenir à la carte, précisons qu'il faudra toujours se rendre une première fois sur le lieu d'une épreuve afin d'y participer. Plus tard, il suffira de cliquer dessus depuis la carte. On pourra de la même façon se téléporter avec une de ses voitures sur n'importe quelle portion de route de l'île pourvu qu'on l'ait déjà parcourue précédemment. La progression étant entièrement libre et gratuite, en ce sens qu'aucun réel but n'est affiché mis à part la découverte de l'île et la collection de véhicules, on pourra parfois se sentir un peu perdu, mais on devrait en tout cas toujours trouver quelque chose pour s'occuper.
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Tout cela nous mène au pilotage dans
Test Drive Unlimited. Il se montre à la fois souple et précis, avec toutefois un léger flottement assez désagréable au début dans la direction. On s'y habitue malgré tout rapidement. On retrouve encore de bonnes sensations de vitesse (surtout en vue intérieure ou capot/pare-choc) et de
grip, tout comme une impression de puissance des différents véhicules globalement réussie. D'un bolide à un autre, le comportement n'est jamais très éloigné et affiche un léger survirage qui permet de se lâcher dans les dérapages. Il faudra en revanche faire attention aux freins, pas toujours très efficaces. Le tout s'ajuste selon le niveau d'assistance sélectionné, pour un pilotage finalement agréable et facile à prendre en main, sans être irréaliste pour autant. Les curieux remarqueront aussi rapidement la possibilité dans le jeu de louer des véhicules ou de les essayer afin de se faire une petite idée de leurs performances avant de craquer. La location permet aussi et surtout de participer à des missions limitées à une catégorie de bolide précise sans avoir à posséder un modèle de ladite catégorie. Bien vu.
Tout en unTechniquement,
Test Drive Unlimited était aussi attendu au tournant. On saluera donc aussitôt la possibilité de parcourir la carte tout entière sans temps de chargement. Une fonction qui a dû nécessiter quelques compromis dont une plastique pas tout à fait au niveau que l'on espérait. Si les modélisations des différents véhicules sont bien détaillées, intérieurement comme extérieurement sauf exception, les décors ne font pas preuve du même soin. Ils manquent cruellement de variété avec des textures pas toujours très
Next Gen. Pour une fois, les temps de chargement se montrent eux relativement discrets tout au long de l'aventure, ce qui n'est malheureusement pas le cas du
popping, en voiture mais aussi chez les concessionnaires par exemple. En HD, on notera aussi quelques légères baisses de
frame rate lors des départs d'une course, à cause de la fumée. Rien de bien grave toutefois, d'autant que le reste du temps, le tout est soit très correct ou bien parfaitement fluide. Petite parenthèse d'ailleurs, on notera que le jeu n'est compatible qu'avec les téléviseurs en 60 Hz, mais cela ne devrait pas poser de problèmes à la très grande majorité des possesseurs de Xbox 360. De son côté, l'
I.A. déçoit quelque peu surtout à cause des automobilistes ne respectant aucune des règles élémentaires du code la route. Ils se rabattront certes parfois pour mieux nous laisser passer et utilisent généralement leurs clignotants, mais il ne faut pas espérer les voir s'arrêter à chaque feu rouge. Un comble, et c'est tout particulièrement irritant lorsque l'on effectue des missions de convoyeur où il faut ramener son bolide en parfait état. La police, elle, ferme les yeux sur tous ces abus et n'interviendra qu'en cas d'accrochage. On pourra donc rouler à 300 km/h en ville et à contresens sans jamais être inquiété. Ajoutez à cela l'absence de passants, de trafic dynamique, de dégâts (seulement sur les voitures du trafic), de météo (juste quelques changements de luminosité) et d'un cycle jour/nuit, on perd aussitôt toute notion d'immersion et d'ambiance. Quel dommage. Heureusement, la partie sonore relèvera un peu le niveau avec des moteurs sonnant relativement bien, et des musiques plutôt variées.
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Comme le laissait supposer le sobriquet M.O.O.R. pour
Massively Open Online Racing, la partie multijoueur via le
Xbox Live occupe une place importante dans
Test Drive Unlimited. Elle décuple la durée de vie, déjà conséquente en solo puisque découvrir toute la carte prend un certain temps, avec des épreuves regroupant jusqu'à huit joueurs. Ces courses sont disposées sur la carte comme celles disponibles en solo, mais la grande particularité de
TDU reste la possibilité pour nombre de joueurs de se rencontrer dans le même monde. Jusqu'à 1.000 joueurs pourront en effet apparaître sur notre carte, et sillonner les mêmes routes que nous. Enfin en théorie, puisque si l'on voit bien pas mal de joueurs sur la carte, on en croisera en revanche beaucoup moins une fois sur le bitume. Il suffira en revanche d'un petit appel de phare pour lancer un duel dans une instance, soit une copie du monde réservée aux deux adversaires en question. Les autres courses se déroulent toutes de la même façon, mais jusqu'à huit donc. Le mode de jeu en ligne permet encore de visionner le classement des meilleurs joueurs pour chaque épreuve, ainsi que de vendre ou acheter des bolides à d'autres joueurs. Tout aussi complet et étoffé que la partie solo, le multijoueur promet donc pas mal de bonnes choses (en plus du contenu à télécharger dans les prochains mois) en espérant que le
lag ne vienne pas trop perturber la fête.
Un jeu de caisses différent des autres, voilà la première impression laissée par
Test Drive Unlimited qui persiste d'ailleurs jusqu'au bout de l'aventure. Cette singularité naît à la fois du syncrétisme de l'excellente partie multi et du solo, mais aussi de la liberté totale offerte au joueur dans un cadre agréable et des plus réalistes. Une certaine authenticité qui tranchera toutefois avec le comportement mal adapté des automobilistes nous entourant mais surtout avec l'absence de dégâts sur sa voiture, de météo et d'un cycle jour/nuit. L'ambiance du jeu tout entier en prend donc un sacré coup. C'est d'autant plus dommageable que
TDU remplit avec brio le reste de son contrat, comprenant une plastique et des licences attrayantes, une durée de vie colossale et un pilotage intuitif. A $40, son prix aux Etats-Unis,
Test Drive Unlimited incarne assurément une superbe affaire pour tous les possesseurs de Xbox 360, mais à 70€ en Europe, c'est-à-dire plus de deux fois plus cher, on réfléchira davantage.