Par souci de perfection ou simplement motivé par la peur du four commercial et critique,
Electronic Arts décidait l'an dernier de repousser
Army of Two, ambitieux projet de jeu de tir sur Xbox 360 et PS3. Une annonce passée presque inaperçue dans le flux des sorties automnales, là où nombre de nouvelles licences viennent régulièrement s'égarer dans l'indifférence du marché. Matt Turner, producteur du jeu et présent lors de la journée de démonstration, est d'ailleurs longuement revenu sur les raisons du report : "
nous n'étions pas totalement satisfaits par le jeu, et nous voulions en faire un produit encore meilleur", affirme-t-il, sa liste de nouvelles
features dans la main. Temps de chargement divisés par deux, interfaces allégées,
I.A. revue, difficulté des
boss ré-équilibrée, sensations des armes améliorées, dialogues subtilement édulcorés, phases en jeep retirées, les modifications sont nombreuses et pas toujours faciles à évaluer. Il demeure qu'avec ses quelques retouches et - surtout - une sortie dans un mois de mars où il aura les coudées franches,
Army of Two espère bien faire mouche auprès des inconditionnels de
Gears of War et consorts.
Concernant le fond du
gameplay, là aussi particulièrement détaillé lors de la présentation,
Army of Two introduit un duo de mercenaires surarmés, aux remarques aussi sarcastiques que graveleuses. Comme le nom du jeu l'indique assez explicitement, il faudra donc coopérer en permanence pour évoluer stratégiquement dans les lignes ennemies : Rios pourra ainsi servir de bouclier à Salem, son compère, lui faire la courte échelle pour atteindre une corniche isolée, lui passer son arme au besoin, et même coordonner ses mouvements avec lui. Des phases de tir au sniper combinées, ou de fusillades dos à dos font ainsi partie des réjouissances que réservera le jeu, même si leur utilité semble aussi contestable que le plaisir qu'elles dégagent. Plus intéressant, la possibilité de ranimer son partenaire immobilisé au sol ajoute quelques pics d'intensité aux fusillades, puisqu'il faut, dans un temps limité, transporter la victime à l'abri avant de lui administrer des soins. D'aucuns objecteront qu'un certain
Gears of War implémentait déjà ce type d'interactions, même si l'obligation de se mettre à couvert avant de ranimer son partenaire reste une idée intéressante dans la pratique. Dans le mode solo, les initiatives du second soldat seront régies par le joueur, qui pourra livrer des ordres simples sur le champ de bataille, en appuyant sur la croix directionnelle : monter une couverture pour s'attirer les faveurs des balles ennemies, ou tout simplement percer les lignes adverses.
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Puisqu'on en parle, la jauge "d'aggro" qui trône au sommet de l'écran permettra au binôme de mieux travailler ses tactiques, puisqu'il sera possible d'organiser de véritables diversions afin de laisser le champ libre au second joueur. Le didacticiel révèle, par ailleurs, quelques stratégies intéressantes, comme ce tireur planqué derrière sa tourelle en métal : tandis que le premier joueur l'arrose de plomb, le second peut s'approcher de sa cible en toute quiétude et abattre l'ennemi. Et Turner de faire copieusement l'éloge de son système d'aggro, de la possibilité de feindre la mort, même quand quelques réactions ennemies insolites viennent ponctuellement trahir des limites d'
I.A. : certaines sentinelles peuvent ainsi encaisser des volées de plomb dans la cuisse sans broncher, pour peu que le joueur-appât ait attiré toute l'aggro sur lui au préalable. Et quitte à fâcher un
game designer ou deux chez
Electronic Arts, il faut bien l'admettre : ça ne fait pas très sérieux à l'écran. D'autres petites subtilités viendront se greffer au système d'aggro, comme la possibilité de
customiser son équipement, qui impacte directement sur la jauge de menace du personnage. Certaines armes seront ainsi plus efficaces pour prendre l'aggro, ou, au contraire, s'en débarrasser. Plus globalement et malgré bien des précautions, le
gameplay de
Army of Two tombait trop rapidement dans les échanges bourrins et répétitifs durant la session d'essai, d'autant que toute la mécanique d'aggro n'a pas semblé si utile au cours de nos combats sur le sol irakien. Et à moins de s'entourer de partenaires particulièrement disciplinés, le
teamplay ne semblait pas si sollicité, au-delà des quelques actions scriptées évoquées plus haut. Chaque joueur évoluait en fait de son côté lors des fusillades, progressant sans trop se soucier du camarade resté derrière, jusqu'à ce qu'une palissade un peu trop haute le contraigne à une collaboration forcée. Il faudra donc voir ce que peut donner ce
Army of Two sur des parties plus longues, le jeu n'étant pas aidé, il est vrai, par des premiers niveaux à l'architecture sans génie (on annonce tout de même plus de 50
checkpoints). Même remarque pour le mode multijoueur en ligne, qui convoquera deux équipes de deux joueurs, au milieu d'une nuée de
bots hostiles, ou encore le mode solo, que nous n'avons pas pu essayer et qui conserve de fait ses secrets. Reste qu'avec une réalisation solide et son casting particulièrement épicé (Rios et Salem en brutes épaisses, les
boss qui collectionnent les clichés...), le titre de
EA pourrait répondre à une certaine demande en matière de jeux de tir abrutissants. Réponse en mars.