Après
un épisode d'adieu sur PS2 - une machine qui a largement contribué au succès de la série -, également porté sur PSP,
Burnout s'attaque maintenant à la
Next Gen avec
Paradise. Un suffixe qui traduit à lui seul les intentions de ce premier véritable volet destiné aux consoles de dernière génération (
Revenge sur Xbox 360 n'étant qu'une adaptation du même jeu sur Xbox et PS2) et bien déterminé à marquer la saga de son sceau. A vrai dire, on n'en attendait pas moins de sa part avec au programme quelques innovations de taille comme un environnement ouvert à découvrir en solo, et faisant aussi office de
lobby pour le multi. Une prise de risque à saluer mais malheureusement pas toujours à la hauteur de ce que l'on pouvait espérer...
Take me down to the paradise cityC'est sous fond de Guns N' Roses et leur fameux tube
Paradise City, de circonstance, forcément, que l'on fera ses tout premiers pas dans
Paradise. Ceux-ci passent d'abord par une longue séquence d'introduction au ton étonnamment solennel et présentant chacun des quartiers de la ville ouverte devant nous. Assez vaste, sans toutefois atteindre la superficie d'Oahu, l'île paradisiaque de
Test Drive Unlimited, elle renferme plus de 400 kilomètres de routes pour un terrain de jeu où l'on prendra relativement vite ses marques. Quartier portuaire tout à l'est, stade de baseball au sud-est, chantier naval tout au sud, plaines paisibles à l'ouest et montagnes au nord-ouest, les points de repères sont nombreux, même si la navigation est finalement loin d'être simple comme nous le verrons par la suite. On se baladera donc librement dans les méandres de cette ville, au volant d'une des 75 caisses modélisées pour l'occasion, et comme d'habitude non officielles mais inspirées de modèles bien réels (Nissan Skyline R34, Cadillac Eldorado, BMW M5, etc.). Toutes sont à débloquer au fur et à mesure de notre progression dans le jeu, et disponibles ensuite via une des cinq casses de Paradise City. Autres lieux d'intérêt de la ville : ses ateliers de réparations, ceux de peinture et enfin ses stations-service, ou autant d'établissements à visiter en dehors comme en pleine course pour réparer instantanément sa monture donc, changer sa peinture (choisie aléatoirement et à l'effet seulement esthétique) ou encore faire le plein, non pas de carburant, mais de boost.
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Car ce fameux boost est bien une nouvelle fois le nerf de la guerre dans
Paradise, même s'il ne paraît pas aussi déterminant qu'auparavant, tout du moins au début de l'aventure. En revanche, il connait désormais quelques subtilités supplémentaires avec des voitures divisées en trois catégories : cascade, vitesse et agression. Certes, notre jauge de ce précieux boost grimpera toujours en prenant des risques sur la route (frôler le trafic sans percuter aucune voiture, rouler à contresens, ...), mais avec un modèle de type "cascade" par exemple, c'est en faisant le mariole (sauts, deux-roues, vrilles, etc.) qu'elle se remplira le plus rapidement. Même chose pour les véhicules dits "agression", où il faudra cette fois-ci davantage se tourner vers les
takedown et autres contacts virils avec nos concurrents. Dans un autre style, la catégorie "vitesse" fonctionne, elle, de façon plus classique et permet d'enchaîner les boosts pour peu que l'on vide à chaque fois sa jauge d'une traite tout en continuant à prendre des risques pendant l'accélération. Le tout permet en tout cas de dynamiser le
gameplay, puisqu'il faudra non seulement savoir adapter la voiture au défi choisi, mais aussi son pilotage. Ce dernier diffère d'ailleurs légèrement d'un véhicule à l'autre, tout en restant à chaque fois dans le domaine de l'arcade pour une prise en main immédiate et des sensations assez grisantes à haute vitesse. On remarquera juste un frein à main pas toujours facile à dompter.
Junkyard ProductionsAu-delà de belles balades à la recherche de raccourcis secrets, de tremplins ou autres pancartes à dégommer,
Burnout Paradise met également à disposition toute une batterie d'épreuves. Au total, on en compte 120, dispersées un peu partout dans la ville à chacun de ses carrefours, et répertoriées en cinq catégories : Course, Road Rage, Traque, Séquence Cascade et Parcours Burning. Il s'agira par exemple d'accumuler un maximum de
takedown dans le temps imparti ou avant la destruction totale de sa voiture (Road Rage), de rejoindre un point de la carte sans succomber aux attaques des autres concurrents (Traque) ou encore d'un contre-la-montre avec à la clé une amélioration de sa voiture (Parcours Burning). Autant de défis à la difficulté pas franchement relevée, notamment à cause de
takedown particulièrement faciles à placer et une
I.A. pas très agressive sauf exception. Certaines courses-poursuites en plein Paradise City se montrent heureusement plus palpitantes, et notamment celles où il faudra immobiliser son adversaire pour gagner sa monture. On comprend du coup un peu mieux qu'il cherche à se débattre.
Pour se détendre un peu, chaque portion de route possède également ses propres records, en contre-la-montre mais aussi en Showtime, le remplaçant du mode Crash. Le principe reste toutefois le même : faire exploser un compteur de dollars en créant un immense carambolage. Une sorte d'
aftertouch est également de la partie, et permet de donner une impulsion à la carcasse de son véhicule dans la direction voulue afin d'accrocher un maximum de voitures supplémentaires ; une action possible tant que l'on possède du boost, glané dans ce mode-ci en emboutissant les autres. La boucle est donc bouclée et en se débrouillant bien, on arrivera à des sommes astronomiques en se déplaçant maladroitement sur la route à la recherche de nouvelles victimes. Bien qu'assez cocasse et rappelant d'une certaine manière le concept de
Katamari Damacy, la chose devient rapidement répétitive et lassante, comme le titre entier d'ailleurs, qui perd de son intérêt sur la longueur. C'est notamment la faute à des défis trop similaires les uns les autres et régulièrement remis à zéro, mais aussi à l'absence de réel objectif à long terme, ce qui n'est guère motivant.
Mais il y a plus grave. Si
Burnout Paradise fait preuve d'un
gameplay fidèle à la série et toujours efficace, il souffre en effet de quelques grosses lacunes. Citons d'abord l'absence d'une fonction "recommencer" en course qui oblige donc, en cas d'échec, à revenir à son point de départ pour la relancer. Et puisque l'on ne peut pas se téléporter n'importe où sur la carte, même à un endroit déjà visité, on devra se farcir des déplacements inutiles qui pourront s'éterniser tant la navigation est problématique. C'est simple, aucun système de GPS n'est proposé en dehors des courses, si bien qu'il faudra se fier à la
mini-map en bas de l'écran pour se retrouver de ce dédale de rues. Manque de bol, celle-ci manque cruellement de clarté et ne tournoie pas en fonction de notre direction. Gare aux torticolis donc, sans compter qu'à la vitesse à laquelle on évolue, une demi-seconde de trop rivé sur la carte ne pardonnera pas. En pleine course, les choses ne s'arrangent guère, malgré une timide signalisation du trajet le plus court à adopter grâce aux clignotants et panneaux affichés en haut de l'écran. Dans le feu de l'action, il faut toutefois s'attendre à rater quelques intersections et donc des épreuves entières. Et c'est d'autant plus frustrant quand ce fameux bouton "recommencer" manque à l'appel. Les coléreux et autres sanguins sont donc prévenus, ce
Burnout-là n'est pas taillé pour eux.
Y'a t-il un pilote dans l'épave ?Techniquement, difficile en revanche de prendre
Paradise à défaut. Vaste, beau, fluide en toutes circonstances et doté de temps de chargement quasi-nuls, il se glisse sans mal dans la liste des jeux faisant honneur à leur support, et ce, sur Xbox 360 comme sur PS3. Mais personne n'est parfait, et on aurait souhaité une interface moins lourde, un trafic globalement plus dense, une vitesse d'animation plus rapide ainsi qu'un boost avec davantage de mordant, surtout à son déclenchement. Véritable marque de fabrique de la série, les dégâts sont, eux, toujours réalisés avec autant de talent, chaque centimètre carré de carrosserie se déformant dans un vacarme d'acier. C'est bien simple, après un accident de plein fouet, la voiture ne ressemblera plus à grand-chose avec des roues avant propulsées plusieurs dizaines de mètres alentours, des pans entiers de tôle disparus, une partie avant complètement compressée et le moteur encastré au niveau des sièges avant. Des dégâts tellement extrêmes qu'ils expliquent sans doute à eux seuls l'absence de licences pour les voitures, mais aussi l'absence de pilote au volant qui, de toute façon, aurait passé davantage de temps en dehors de la carlingue que dedans, un peu comme dans
FlatOut. Outre leur violence, ces deux séries partagent également un goût commun pour la musique de qualité, avec dans cet épisode une
playlist assez éloquente, regroupant Guns N' Roses donc, Soundgarden, ou encore Faith No More. Dommage qu'Avril Lavigne vienne ternir ce tableau, ainsi que DJ Diabolika (sic), qui cherchera bien à nous donner des conseils, comme DJ Starman (re-sic) dans
Burnout 3 : Takedown, mais on aurait pu s'en passer.
Agréable à parcourir en solo, l'environnement ouvert de
Burnout Paradise joue également le rôle de
lobby en multijoueur. En utilisant la croix directionnelle, on se connectera rapidement à une partie sur le
Xbox Live, pouvant accueillir jusqu'à huit joueurs. Mais plutôt que de patienter bêtement en attendant l'arrivée de ces derniers devant un écran figé, on continuera pendant ce temps de se balader librement dans la ville, où nos futurs adversaires apparaîtront. Après quelques
burns en leur compagnie, la course, la vraie, débutera avec ou sans trafic, selon l'envie du créateur de la partie.
Test Drive Unlimited est définitivement passé par là, même si on ne parlera pas ici de
MMO à cause d'un nombre de joueurs beaucoup plus réduit, à huit donc. Outre des courses, on retrouvera également en ligne des défis à remplir en coopération avec les autres participants. Aucun
lag n'est à noter, pour un aspect franchement réussi et gonflant largement la durée de vie du jeu, pourtant déjà plutôt confortable en solo. A noter en dernier lieu qu'aucun mode multi en écran
splitté n'est proposé.
Premier véritable
Burnout sur
Next Gen,
Burnout Paradise ose prendre des risques, quitte à décevoir certains de ses fans. Surfant sur la vague des environnements ouverts, il nous ouvre grand les bras avec une ville certes assez vaste et chargée en défis de toutes sortes, mais à l'ambiance et au trafic un peu trop timides. Il en résulte une progression plutôt fade et finalement vite répétitive, sapée, qui plus est, par des soucis de navigation qui ne pardonnent pas. Inébranlable, le
gameplay reste en revanche toujours bouillant à l'image des accidents, extrêmes au possible et à enchaîner en Showtime, piètre remplaçant du mode Crash. Tantôt paradis, tantôt enfer,
Burnout Paradise fait en tout cas preuve d'efficacité une fois la manette en main, et offre en outre un mode multi brillamment intégré au reste du jeu. C'est, en ce sens, une réussite, mais à prendre avec ses travers, aussi nombreux et pénalisants soient-ils.